Jeudi poésie chez Asphodèle

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Une forêt profonde où se noie le regard
Sur la rive du désespoir et de l’oubli
Un vieux manoir surgi au fond de nulle part
Dans un écrin lugubre où règne la magie.

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Mes larmes ont usé les pierres du chemin,
Mes cris ont lézardé les puissantes murailles
La colère nourrit chacun de ces matins
Où l’âme emplie d’amour livre et perd la bataille.

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Sombres couloirs bordés de vivants candélabres
Visages de granit aux inhumains regards,
Tout évoque l’enfer dans ce château macabre
Qui emmure mon cœur de ses épais remparts.

Bernard Sellier, inspiré par le film La Belle et La Bête de Jean Cocteau (1946)

Vous trouverez le poème en version intégrale en cliquant sur le lien suivant : http://www.imagesetmots.fr/pages/cinema/metamorphoses_photos.htm

Page d’accueil du site :http://www.imagesetmots.fr/

Les illustrations sont des images tirées du film de Jean Cocteau.

Poésie du jeudi chez Asphodele

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Toi qui de Rome émerveillé contemples

Toi qui de Rome émerveillé contemples
L’antique orgueil, qui menaçait les cieux,
Ces vieux palais, ces monts audacieux,
Ces murs, ces arcs, ces thermes et ces temples,

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Juge, en voyant ces ruines si amples,
Ce qu’a rongé le temps injurieux,
Puisqu’aux ouvriers les plus industrieux
Ces vieux fragments encor servent d’exemples.

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Regarde après, comme de jour en jour
Rome, fouillant son antique séjour,
Se rebâtit de tant d’oeuvres divines :

 

Tu jugeras que le démon romain
S’efforce encor d’une fatale main
Ressusciter ces poudreuses ruines.

Joachim du Bellay

 

Poésie du jeudi chez Asphodele

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IL FAIT FROID

L’hiver blanchit le dur chemin
Tes jours aux méchants sont en proie.
La bise mord ta douce main ;
La haine souffle sur ta joie.

La neige emplit le noir sillon.
La lumière est diminuée…
Ferme ta porte à l’aquilon !
Ferme ta vitre à la nuée !

Et puis laisse ton coeur ouvert !
Le coeur, c’est la sainte fenêtre.
Le soleil de brume est couvert ;
Mais Dieu va rayonner peut-être !

Doute du bonheur, fruit mortel ;
Doute de l’homme plein d’envie ;
Doute du prêtre et de l’autel ;
Mais crois à l’amour, ô ma vie !

Crois à l’amour, toujours entier,
Toujours brillant sous tous les voiles !
A l’amour, tison du foyer !
A l’amour, rayon des étoiles !

Aime, et ne désespère pas.
Dans ton âme, où parfois je passe,
Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place.

La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
Et l’indulgence pour autrui,
Eponge des fautes lavées.

Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
Fais de ton amour ton flambeau.
On s’éclaire de ce qui brûle.

A ces démons d’inimitié
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse leur en pitié
Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.

La haine, c’est l’hiver du coeur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l’orage !

Garde ton amour éternel.
L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ?
Dieu ne retire rien du ciel ;
Ne retire rien de ton âme !

Victor Hugo

Jeudi en poésie chez Asphodèle

imageVoici ma participation au Jeudi Poésie d’Asphodèle, avec (encore) un classique…

La lune blanche
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix
Sous la ramée…

Ô bien-aimée.

L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…

C’est l’heure exquise.

Paul Verlaine, La Bonne Chanson