« – Vous payez sans contact ? »
« – Oui , dis- je en posant ma carte bleue sur l’appareil… La carte bleue touche l’appareil et ça s’appelle un paiement sans contact ?»
« – Si on commence à chercher à tout comprendre, on n’a pas fini… »
Pourtant, j’ai passé le reste de la journée mal à l’aise… Parce qu’au fond, on appelle bien un chat un chat, non ?
Personnellement, j’aurais appelé ce mode de paiement autrement… Le paiement sanscode : Simple, efficace… Ou un truc classe, en anglais du genre Serving the pick-pockets , ou comment la modernité rend service au voleur à la tire (souvent à pied, par ailleurs !)
Mise sens dessus dessous par ce sans contact qui n’en est qu’un, j’ai essayé de me faire une raison… Ne m’est-il pas arrivé de payer en liquide sans me salir les mains ? Et même lorsque l’on paie cash, on paie rarement content…
Aujourd’hui, on fume des cigarettes électroniques, l’informatique écrase le libre-arbitre, et on sait que l’univers s’étire alors qu’il est infini…
« Je ne suis plus à ça près. Et qui suis-je donc pour leur faire un procès ? », me suis-je répétée pour me convaincre.
Mais le soir, ma fille de dix ans rentrant du collège, jette son sac dans l’entrée, pour se précipiter dans mon bureau. « Maman, je vais vérifier que j’ai accès aux manuels en ligne ! »
Accès à quoi ???
Aux manuels en ligne…
Rien à voir et aurais-je réellement préféré, avec un éventuel chat incluant un ancien Premier Ministre aux origines catalanes et/ou un actuel Président très attaché au titre de sa fonction…
Un manuel scolaire en ligne…
J’ai toujours été plus scolaire que manuelle, mais là, j’ai toujours pas compris… C’est quoi l’étymologie de ce mot, déjà ???
Je tourne et retourne le tout dans ma tête! Que puis-je faire ?
Sourire en faisant sembler d’avoir compris, pour pas sentir la honte de ne pas être à la page me monter aux joues ?
Serrer les dents devant les donneurs de leçons hypocrites qui agitent leur table de la loi et leurs commandements pour empêcher les autres de jouer de la tablette.
Être un peu à cran, quand les devoirs et les livres scolaires sont en ligne, que les exposés doivent être présentés sur Power Point et que les versions se font sur internet !
Je ne peux pas m’empêcher de penser que l’on se fout un peu de moi, lorsque l’on interdit aux élèves l’utilisation des téléphones portables à l’école alors que l’enseignement scolaire se fait presque sous écran total !
Et je m’interdis de penser à ce qu’il va advenir, pour le peu qu’il en reste, de l’égalité devant le service public…
C’est vrai, si on commence à chercher à tout comprendre, on n’a pas fini… En attendant, ce que je sais, c’est que Kafka, ça s’écrit bien avec un K, et Bon ça s’est jamais écrit avec un C…
Mon fils, c’est le meilleur ! Il est grand, il est beau, il est fort et (ce qui n’enlève rien), il est intelligent ! Et je ne dis pas ça parce que je suis sa mère !
L’idée même de l’avoir enfanté me dépasse…Comme lui aujourd’hui ! Lorsque je le vois, je me demande comment j’ai fait ça… C’est vrai quoi ! Il y a douze ans, c’était une crevette. Prématuré, léger, une plume… Il tenait dans le creux de mon coude !
Aujourd’hui, lorsque j’enroule mes bras autour de lui et que je pose ma tête sur son épaule, je n’ai plus besoin de plier les genoux et je sens qu’il est déjà prêt à me soutenir. J’avale mes larmes dans un sourire, lorsque j’entends sa voix d’enfant disparaitre sous des accents mâles, graves, encore hésitants mais certains de l’emporter…
Ou quand j’aperçois juste au-dessus de ses lèvres, cette ombre qui se dessine en trompe l’œil…
Je vois dans ses mouvements l’homme qu’il devient, sûr de lui et serein… À chaque fois, je suis surprise !
Mon fils, c’est le meilleur ! D’ailleurs, de plus en plus souvent, il me donne son avis, d’une constance étonnante, qui se résume à « Mais qu’est-ce que tu t’en fiches ! Arrête de te prendre la tête ! »
Je demande rarement un conseil à un enfant de douze ans, mais ayant la vieille habitude (ou habitude de vieille) de parler à haute voix, il s’aventure à me répondre.
Si je suis fâchée contre lui, il s’approche de moi en me disant « Fais- moi un bisou ! ». Et si je suis inquiète parce que j’ai fait quelque chose de mal, il me regarde, taquin, « Ma mère, c’est une thug ! »
Mon fils, c’est le meilleur ! Comme beaucoup de mamans, je pourrais justifier ce jugement par une grossesse difficile…Vous raconter mes déboires pendant six mois, alors qu’il partageait mon ventre avec une tumeur d’une taille incroyable… Heureusement (pour vous), au bout d’un moment, on oublie… La douleur et l’angoisse, non. Les détails, oui… Y a pas à s’inventer d’histoires ! C’est seulement un état de fait : L’amour maternel est sans condition !
Aucune
Enfin, jusqu’au jour où, ça commence ! Cette fameuse crise d’adolescence ! Ok, je n’en suis qu’au début ! Ok, la communication n’est pas rompue ! Mais sérieux ! Je suis limite à envoyer une lettre à la mienne de mère, pour lui présenter des excuses !!!
C’est quoi ce truc ???
Je ne sais pas ce que je préfère, en fait :
D’abord, le mètre soixante-dix est devenu sourd… Je ne vais pas me précipiter pour prendre rdv chez un ORL non, non… Je ne m’inquiète pas vraiment pour son audition, il est juste passé en mode « balec ». Le mode « balec », il est hyper tendance chez moi, à un point tel que je me demande pourquoi je ne l’ai pas utilisé moi-même… C’est brillant, parce que simple ! Pas besoin de boules Quiès, ni d’écouteurs… On te pose une question, tu ne réponds pas ! On te répète la question, tu ne réponds toujours pas ! À mon époque, lorsque j’étais jeune, on appelait ça « mettre un vent », mais ça ne se dit plus… Aujourd’hui, on met des « clash » ou on ne fait rien, à cause des restrictions budgétaires ou d’économies d’énergie, je suppose…
Pour varier un peu et tromper l’ennemi, il y a un mode « balec » disons plus concerné :« Ouaih ! Ouaih ! T’inquiète ! » 99 fois sur 100, ça passe crème ! L’agresseur, désespéré, s’est occupé de tout, toute seule tout seul…
Le mètre soixante-dix se lève de son pieu pour se croûter direct sur le canapé, genre « J’ai trop dormi, je suis crevé ! » Attention !!! Il ne se précipite pas sur la PS, ou sur son téléphone… Il se réveille et il l’est vraiment, fatigué !
La variante ici, c’est le rituel : « J’en-ai-marre- ça-me-saoule- j’ai-la-flemme »
Et c’est là où le mental joue… Parce que devant la vague phénoménale des « Fous-lui-un -coup-de-pied-au-cul » qui te submerge, tu fais bloc ! « C’est hormonal ! C’est hormonal ! » Et, parce que tu as beau faire, tu n’es pas un ange, tu penses à sa future femme pour rire un peu !
Mais le mètre soixante-dix, c’est mon fils… Alors même s’il me demande d’aimer ses photos sur Insta, parce que, ça lui fait plus de likes et que personne ne sait que je suis sa mère (« Ben si, Maman, like, steuplé ! C’est pas grave ! Ils savent pas que tu es ma mère, c’est pas ton vrai nom !), je ramasse mes dents et avec ce qu’il m’en reste, je lui fais un grand sourire !
Parce que voyez-vous, mon fils… C’est le meilleur !
Combien de temps faut-il pour que la conscience se pointe dans un rêve tendre et douillet? Mis à part quelques neurologues sadiques dont le trip serait de réveiller les gens en les obligeant à dormir avant (avec un bonnet de nuit ridicule pleins d’électrodes, c’est le pompon !), je pense qu’à cet instant Zzz, il serait plus pertinent de jouer au hérisson dans ses draps que de tenir un chrono… Enfin, ça n’engage que moi (même si je crois deviner une sorte de consensus à ce sujet).
Alors, pour la suite du développement, on va dire une seconde. Effectivement, si on est pointilleux, on peut arguer que ça varie d’une personne à l’autre :
Il y a les fringants qui sautent de leur lit, bondissent dans leurs habits façon Aujourd’hui, jesauve le monde , et puis parce que « après tout on est lundi, c’est le début de la semaine, en plus, on a de la chance, il ne pleut pas et le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt »… Sauf que, à ces gens-là, laissez-moi leur préciser que John Maclaine leur aurait mis un bon taquet s’il avait dû avaler son café devant de tels moulins à paroles…
Il y a les indécis qui, évoluant en plein paradoxe, réussissent la prouesse d’être totalement réveillés tout en restant au lit…ceux-là même qui, l’imagination bridée par trop de films dans lesquels le pouvoir de l’esprit résout tout, se disent qu’avec un peu de chance, en se concentrant très, très fort, ce lundi matin se changerait en dimanche matin… Bref, des passionnés de voyages dans le temps et autre science-fiction mais qui zappent la catégorie Anticipation…
Il y a aussi les désespérants qui ne tombent du lit qu’après trois salves de buzzer et qu’avec la pression d’un tiers talon qui les pousse vers l’extérieur (Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé…)
Donc, disons, une seconde pour que la conscience se pointe dans ton rêve. Elle s’immisce au milieu de ton soleil, chaud comme un baiser avec la langue et rond comme une boule de sorbet au citron… Et c’est dommage parce que, de là où tu étais, tu commençais presque à entendre le bruit des vagues mourantes sur la plage…Pas très loin de tes orteils qui, soit dit en passant, essayaient de se donner un air espagnol à faire sombrer Antonio Banderas…
Mais ce son tendre et amoureux qui chatouillait un peu tes oreilles et t’arrachait même un sourire dans ton sommeil s’est mué en cri infâme, flamenco infernal, l’éventail évincé, remplacé par des castagnettes à te fendre le crâne… Le hurlement d’un monstre sans pitié qui n’est autre que cette terrible réalité, toujours et encore : Le réveil et son alarme…
Le réveil, un des pionniers de l’esclavage moderne… Peut-être un des rares objets de notre panoplie d’ho.fe.mme pressé.e (…) pour lequel aucune obsolescence n’a été programmée. C’est bête ! Pour une fois que ça aurait pu servir à quelque chose ! Pour une fois que la fameuse panne aurait eu un soupçon de crédibilité, car sans se mentir (Et non, ça n’arrive pas à tout le monde !), les pannes sont au réveil ce que la chute est au cheval, errare humanum est.
Ce matin, de toute façon, il n’en est pas question… La lumière qui baigne l’espace vient des rayons qui rentrent par effraction entre les interstices de la fenêtre et alors intervient la réflexion…la pause nécessaire avant toute autre décision : Ouvrir les yeux…
Evidemment après quinze grasses mat’ (une par jour), la peau de tes paupières, habituellement fines et douces, s’est, à cette heure matinale, transformée en papier de verre. (Cela fait longtemps que je n’ai vu ni touché ce truc… Dans le genre ponçage, je suis plus lime à ongle que papier de verre, même si j’ai très rapidement pas pied après quelques verres… Désolée…)
Ouvrir les yeux, un jour de rentrée…Ouille, ça fait mal ! Et tu le fais quand même parce que tu y crois (pour les fringants) ! Tu le fais quand même parce que tu n’as pas le choix (pour les autres) !
La vue retrouvée et la vie devant soi, tu hisses le pavillon… Et pendant que la cafetière gueule le café bien plus qu’elle ne le fait, tu traverses la cuisine en te frottant les yeux (Erreur de débutant : ça pique encore plus), direction la salle de bain, dans laquelle tu évites avec toutes les précautions d’usage le pèse-personne (retour de vacances…) Tu te douches avec une dernière pensée pour ce macho ibérique, qui, après tout te faisait de l’ombre…
Comme tu répètes depuis maintenant 23 jours à ta tribu « En avril, ne te découvre pasd’un fil », et que le « Garde ton casque de ski sur la tête ma chérie, oui, Maman n’en porte pas mais c’est à cause de son brushing, » n’a jamais marché, tu enfiles un pull et tu serres bien ton écharpe autour du coup…
Tu sors de la pièce en jetant un regard rapide au reflet dans le miroir (Quelle connerie, cette crème anti-rides ! Faudrait investir dans une crème minceur !). Et tu retournes dans la salle à manger où ta tribu rose réunifiée à table (La bleue étant déjà au taf ! Y en a qui bosse !!!) rumine sa nuit et quelques céréales… Tu fais le tour de cette quinzaine plutôt réussie… Tu te sers une tasse de café…Tu regardes la vaisselle dans l’évier et te souviens avec nostalgie qu’hier soir, c’était encore les vacances… Tu goûtes ton café… Il est 7h40. Dans 35 minutes, les filles vont à l’école…Tu te dis que ce n’est pas la peine de se précipiter au club de sport ce matin, que ça peut attendre demain… Tu bois une nouvelle gorgée de café…
Encore un peu endormie, les yeux à moitié pleins de lune, elle se retourne vers moi : « Maman, je n’ai pas fini mes devoirs ! Je dois lire le livre que j’ai emprunté à la bibliothèque et je ne l’ai pas fini… »
Il fait grand bleu dehors et pourtant l’air devient électrique. Tu refais mentalement un condensé des vacances en tentant de te souvenir la dernière fois où tu as dit « Faîtes vos devoirs ! » Et là, alors que rien ne bruisse, même pas le vent dans les feuilles toutes neuves de printemps, quelque chose s’écrase dans un boucan de dingue : tes ambitions de mère modèle qui s’effondrent.
Alors quoi ! Jurer par tous les Dieux que, désormais, on ne m’y reprendra plus… Dire à la fontaine que je ne boirai plus de son eau… Faire serment que, dès le vendredi, tous les devoirs seront faits et bien finis… Que nenni !
Accepter son sort et avancer parce que Morphéus avait raison, il y a des choses dans ce monde qui ne changeront jamais.
On est dépassé par le temps qui passe lorsqu’on se met à:
1) Penser qu’un téléphone, c’est fait exclusivement pour téléphoner !
2) Appliquer, en même temps, la crème de jour ET la crème de nuit :
Les radicaux libres sont devenus petit à petit l’ennemi numéro un !
3) Laisser le monde intérieur prendre le pas sur le monde extérieur : Le temps de la méditation surpasse désormais le temps de la représentation, alors que, de façon paradoxale et tout aussi ironique, le temps enfermé(e) dans la salle de bain dépasse le temps dans les pièces à vivre!
4) Ecouter sagement ses enfants expliquer comment fonctionne Internet. Cela marche aussi avec les réseaux sociaux, une tablette, etc …(«Va donc dans ta chambre et ouvre un bouquin sale gosse ! M’en vais te filer un magnétoscope et un minitel, tu f’ras moins le malin ! »
5) Ne plus tremper ses frites dans la mayo ! (De toute façon, cela fait belle lurette que je ne mange plus de frites).
6) Comprendre le Principe de Précaution et devenir totalement imperméable à Celui de l’Insouciance. Ce mot «Insouciance» est d’ailleurs raillé de la liste de ton vocabulaire, remplacé derechef par « Inconscience »!
7) Expliquer à ses enfants ce qu’est une machine à écrire…(Et c’est long…Très long…)
8) Se détourner des origines du monde pour préférer spéculer sur sa fin toute proche.
9) Commencer sérieusement à s’interroger sur l’existence d’une vie après la mort, tout en réfléchissant, car on est jamais trop prudent, à ouvrir une assurance-vie.
10) Maîtriser totalement le jargon médical et le parcours de soins coordonnés, et harceler la Sécu par téléphone car on attend toujours les points fidélité de la Carte Vitale.
La rentrée, ça a comme quelque chose d’évident…Un grand mur que l’on se prend en pleine gueule! Un peu comme lorsqu’on monte sur la balance et que le poids a dangereusement basculé du côté que l’on aurait souhaité bien plus obscure, assez obscure en tout cas pour permettre un déni total!
Pourtant, on devait s’y attendre, hein?! Moi, par exemple, j’ai abandonné le deux-pièces à la fin du mois de juillet…Et j’ai déserté les plages début août…
Surtout que ce soit clair! Rien à voir avec les superbes articles « Quel maillot de bain sur la plage cet été? » dont on nous a bassiné en plein mois d’août…J’ai rien compris…Ces choses, ça se décide plus tôt dans la saison, non? Les soldes, tout ça, peut-être…Mais va faire les magasins pour trouver un bikini potable…C’est trop tard! Fini! Au mois d’août, y a plus de soleil dans les rayons! C’est copies double petits carreaux ou grands carreaux, trieurs, cartables et porte-vues…A en perdre ton bronzage d’un coup, et à foutre ton moral dans un gris tellement pourri que même le rosé du soir n’arrive plus à le rafraichir ! Déjà que les cacahouètes, gressins et autres glaces m’avaient rappelé que pendant les vacances il n’y avait pas que les matinées qui étaient grasses…J’ai fermé les yeux le plus longtemps possible…Et la veille de mon départ, il m’a bien fallu les ouvrir…
En effet, pour le retour en avion, j’avais réservé (une fois lavé) au fond de ma valise le pantalon que je portais pour l’aller. C’est peut-être de la superstition de porter les mêmes habits à l’aller et au retour, mais que voulez-vous? Je m’accroche à peu de choses, une fois en l’air!
C’est sûr qu’au moment d’enfiler THE pantalon (celui qui m’a résisté), j’étais un peu…comment dire…Etonnée? Un peu…Serrée? Beaucoup…Triste? Pas du tout! Que pouvais-je y faire ? Pour une fois, j’ai fait contre mauvaise fortune bon coeur, comme on dit. Je me suis dit qu’ en cas de crash, je tomberai plus vite!
C’est vrai que c’est violent, la rentrée! Le pire, c’est son côté scolaire! Après tout, faut bien retourner au boulot pour repartir en vacances (enfin, j’dis ça, j’bosse pas !) Mais, les gamins, chaque année, ils changent de niveau. Et là, on reçoit une méga claque! Comme si les gifles de mon anniversaire, de leur anniversaire aussi…ou encore du Jour de l’An ne suffisaient pas! Et franchement, je ne trouve pas ça juste parce que plus tu vieillis, plus tu t’en prends, des baffes! On n’élève pas les enfants, ce sont eux qui nous élèvent, il paraît…Et j’vois bien où il va me mener, cet ascenseur !
Pourtant, j’aurais dû m’y attendre…Moi, par exemple, j’ai Mambo One qui rentre en sixième en septembre…Enfin, demain, quoi! Et le transport scolaire m’angoisse! Pendant mes insomnies, j’imagine la chair de ma chair, perdue, sans défense, seule, aux abois dans cette sombre forêt de cars, inquiétants et malins, qui s’amusent à semer la confusion dans la numérotation de leurs travées…Je vois le sang de mon sang, aveuglé par les fumées de gasoil brûlé, aux prises avec un J.R. pré-pubère qui lui expliquera, une clope au bec, la complexité du monde (parce que c’est connu, les parents, ils y connaissent rien).
En effet, dans mon monde, c’est plus facile…Dans le premier cas, une fée douce aux ailes carmin menacera de tailler les cars en pièces s’ils ne se remettent pas en place. Et dans le second, je ferais bouffer son chapeau et sa clope à J.R.
C’est sûr que, au moment où j’écris, j’me sens comme THE pantalon…Oublié au fond de la valise, j’en mène pas large! Mais bon, c’est comme l’avion, la rentrée, c’est un mauvais moment à passer…
Demain, c’est « THE » rentrée ! Il y a étrangement plusieurs « THE » rentrée.
Comprenez (J’en oublie peut-être) :
– 1ère année de maternelle
– CP
– 6ème
– 2nde
– Fac (mais là, j’ai des papillons devant les yeux, je vais m’allonger).
Demain, c’est « THE » rentrée, « THE » Time qui m’agace autant que deux litres de thé trop fort.
Ce matin, les enfants ont fait une répétition générale, en sautant partout comme des puces dès 6h30. J’ai ouvert un œil…et l’ai refermé (Non, mais ! On est encore en vacances !)
Ils m’ont laissée me rendormir, le problème étant que c’est un peu ma rentrée à moi aussi. Alors que la fin de la belle saison s’annonce, que le soleil se couche plus tôt, mes nuits raccourcissent… Je réfléchis, je pense, je ventile mes dossiers intérieurs ! Mon cerveau broie toute sorte des couleurs, pensant avec nostalgie au rosé de cet été.
Comme les sportifs de haut niveau, dans la nuit, j’ai fait et refait mon parcours : « Alors, mercredi en début d’après-midi, équitation. Va falloir jouer serrer pour le repas pour éviter qu’elle pose une quiche sur son poney préféré. Mince, je n’ai pas de nouvelles du club de foot ! Quand les entraînements reprennent-ils ? »
Rien que de l’écrire, j’ai la nausée !
Finis les vacances, les horaires décalés, l’insouciance !
Pour éduquer un enfant, faut-il irrémédiablement le frustrer ? N’y a t-il pas une autre façon? Lui apprendre le plaisir de devenir indépendant, libre…
Je n’aime pas l’idée selon laquelle, pour élever un enfant, il faut le frustrer. Dans mon esprit, frustrer est synonyme de brimer, de léser…Un peu comme si pour l’aider à grandir, il fallait le punir… Cela me hante…Enfin, m’a hanté, surtout au début, pour le premier, car pour les suivants…J’étais moins à fleur de peau…J’avais de l’expérience ! Et surtout, il a bien fallu que je reconnaisse, au bout de quelques mois, que l’éducation d’un enfant repose bien sur la frustration. Mais la mienne !
Je n’élève pas les enfants pour moi-même (Une Ministre récemment a rappelé aux parents d’élèves que leurs enfants de leur appartenaient pas…Je ne souhaite pas non plus élever mes enfants pour l’Etat. Mais c’est un autre débat ! Prenons un peu de hauteur!)
J’élève mes enfants pour qu’ils deviennent autonomes.
Du cordon ombilical sectionné, au maintien de la tête, en passant par l’acquisition de la propreté et au vélo sans roulette (pour faire vite, autant acheter une draisienne !), et l’école… Pardon, l’Ecole…Pour la première rentrée de toute une vie, je peux bien mettre une majuscule ! C’est plus classe !
Et voici donc que je me prends moi-même en flagrant délit de déni total !
« – Elle a quelle âge ? – Trois ans. – Elle rentre à l’école, alors ? – Oui, l’année prochaine. »
A ce moment-là, flotte une sorte de malaise…Je sens, sans même me tourner vers mon interlocutrice se diriger un regard étrange, interrogateur, qui à peine rencontré me fait rectifier tout de suite ma réponse.
« – Enfin, elle rentre là… en septembre 2015. »
C’est bon, je l’ai craché ! Elle a trois ans…Elle va pas avaler des perles toute sa vie, non plus ! Rentrée 2015, 2016, on s’en fout, non ? C’est celle qui arrive là ! Je le sais, na ! Quelque chose pour me mettre le moral plus bas ?
« – D’accord, parce que l’année prochaine, c’est septembre 2016…Elle rentre dans quinze jours, du coup ! C’est bien ! »
Très bien ! On s’en fout pas ! Rentrée 2015 ou rentrée 2016, ça veut vraiment dire quelque chose ! Au temps pour moi !
« –C’est pour vous que cela va être difficile. Vous travaillez ? Non ? Vous allez vous ennuyer ! »
De quoi, je me mêle !
Comme l’envie de la dégager manu militari s’est emparée de moi, mais que c’est très mal vu socialement notamment devant un très jeune public, j’ai décidé de m’enfuir .
A la première occasion, foutue complètement en vrac par l’étrangère rencontrée sur cette plage, qui s’acharnait à prendre mes affaires pour les siennes , j’ai tout mis illico presto dans mon sac !
« Quinze jours » m’avait-elle dit. Cela résonne encore en moi comme le tocsin. Propulsée en septembre 2015, je vois déjà défiler les cartables neufs, les crayons de couleurs, les mines grises des enfants au réveil… Et mon bébé ne plus en être un, m’échapper, grandir…
Je compte et recompte « Quinze jours » …Cela semble si peu…Ce qui est rassurant c’est que, aujourd’hui, je n’ai pas assez de doigts sur mes deux mains pour aller jusqu’à quinze, (et demain non plus puisqu’il m’en faudrait trois. La seule chose qui pourrait me pousser demain, à défaut d’une troisième main, ce sont des cheveux blancs, n’est-ce pas?).
Ai-je fermé les yeux trop longtemps ? Ai-je raté quelque chose ? J’ai semé la tempête et bientôt je n’aurai que du vent, une brise légère… Le silence dans la maison…Dans une maison très bien rangée…Et même le temps de lire !
Que puis-je faire à présent ? Les années sont passées si vite… Le compte à rebours a commencé. Je me contenterai de ce qu’elle voudra…De toute façon, c’est comme ça…J’élève mes enfants pour qu’ils deviennent autonomes…
Aujourd’hui, en entrant dans un magasin, j’ai lu :
« Parents, surveillez vos enfants, vous en êtes responsables ».
Plutôt que d’opérer un pivot rapide…de proposer un cours de droit…je dis simplement MERCI.
Merci pour l’inutile rappel d’une évidence que je pratique:
-contre le froid, les maladies, le soleil, les chutes, les angoisses, les insomnies, le vent, la pluie, la vie, le jour, la nuit…
-dans vos échoppes où les promotions (écrans plats, verres en cristal…choses fragiles de préférence) sont exposées à portée de ma responsabilité.
MERCI de me rappeler ceux que j’ai portés, que je porte et porterai toujours…
366 réels à prise rapide proposés par Raymond QUENEAU
1- Ecrit sur le vif : non, j’avais trop de choses à dire, j’ai dû élaguer…
2- Moins de 100 mots : 99 mots
3- Elément réel : ok
Exercices de style consistant en l’écriture d’un texte, chaque jour, selon un thème imposé. Le texte, de moins de 100 mots doit être écrit sur le vif et en rapport avec des évènements réels de la journée.
Aujourd’hui, ma petite chérie s’est réveillée d’humeur ronchonne. Dès 7 heures, elle a hurlé : « C’est qui qui a éteint la lumière ? ».
Malgré un caractère bien trempé du haut de ses presque 3 ans, cela ne lui ressemble guère.
J’ausculte.
Un câlin : un peu chaudinette,
Deux câlins : deux petits points rouges sur le front.
Trois câlins : Trois gros boutons surplombés d’une vésicule.
En deux temps, trois mouvements et plus de quatre kilomètres, direction le médecin !
Pour lui, pas de quoi couper un cheveux en quatre, c’est l’authentique signature de la varicelle !
366 réels à prise rapide proposés par Raymond QUENEAU
1- Ecrit sur le vif : ok
2- Moins de 100 mots : 99 mots
3- Elément réel : ok
Exercices de style consistant en l’écriture d’un texte, chaque jour, selon un thème imposé. Le texte, de moins de 100 mots doit être écrit sur le vif et en rapport avec des évènements réels de la journée.
Ma main droite est paresseuse, ces derniers temps.
Manque d’inspiration ? Manque d’énergie ? Voici quelques jours que ma main droite est paresseuse. Et comme je suis droitière, cela me pose des petits problèmes. Evidemment, si j’étais gauchère, je ne remarquerais même pas les sautes d’humeur de ma main droite. Elle n’arrête pas de me prendre la tête. Sa tête est la mienne, me direz-vous…Et bien, je commence à me poser de sérieuses questions à ce sujet.
Je voulais écrire… Malgré ses réticences, j’ai mis la main à la pâte.
J’ai voulu écrire sur les violences ordinaires éducatives, un débat battant son plein (ou tombant à plat) sur l’interdiction de la fessée. Interdiction que ma fille de bientôt 3 ans, soit dit en passant, accueillerait en frappant des deux mains. Ce n’est pas que j’ai la main lourde mais les caprices de ma tendre enfant, chair de ma chair, sang de mon sang , gagnent du terrain haut la main. J’ai lu un peu ici et là des articles sur l’interdiction de la fessée.
Et j’ai lu quelque part que, selon une pédopsychiatre, l’interdiction de la fessée enlèverait les racines de la violence sociale…
J’ai ri d’abord.
J’ai regardé ma fille jouant et hennissant avec ses poneys miniatures…
J’ai ri encore.
J’ai pensé au pillage irakien…
J’ai pensé aux suicides des enfants victimes d’ harcèlement scolaire…
J’ai pensé aux camps de la mort de la seconde guerre mondiale…
J’ai interrompu ma fille dans son jeu.
Note pour les puristes, je n’ai pas retranscrit la diction de ma fille pour rendre la lecture plus facile.
« -Chéri, ca te dit si l’on faisait un marché toutes les deux ?
-Oui, on va faire des courses.
-Pas « supermarché » mais un « marché ». Bon, je te promets d’arrêter quelque chose et toi, tu me promets aussi d’arrêter quelque chose… »
-Oui, c’est quoi ?
-Je te promets de ne plus te donner de tape sur les fesses si tu promets de m’obéir.
– D’accord. »
Dans ce dialogue, ma fille est très coopérative, mais je pense qu’elle était effectivement persuadée que je lui proposais de faire quelques courses… Tellement persuadée que je me suis retrouvée devant le rayon « Bonbons, sucreries, et autres chocolats » de mon supermarché préféré environ 15 minutes plus tard…
Avant, il était courant de donner une fessée à un enfant pour son bien. Aujourd’hui, il est tendance de ne pas donner de fessée pour le bien de l’humanité.
Cette idée me laisse une sensation étrange…
Mais, de toute façon, ma main droite est paresseuse ces derniers temps…Et mes enfants ne m’obéissent pas pour autant…