LES TEXTES DES PLUMES D’ASPHODELE 3-2019

Bonjour à toutes et à tous

Voici les textes des participants aux troisièmes PLUMES D’ASPHODELE de l’année 2019.

Dans l’ordre d’arrivée :

Ghislaine qui chante Le printemps
Soène qui joue avec BILL & BOQUET (publié lundi)
Lydia qui prône un Carpe Diem moderne
Célestine à qui tarde les stations d’hiver avec Vive le ski !
Laurence Délis qui brosse Une petite plume dans ta chevelure
Adrienne avec N comme non (Allez si, dis nous oui!)
Ecri’Turbulente qui s’amuse avec Crétin des Alpes
PatchCath avec Vivre et ne plus être l’ivre
Nadège qui raconte De ma fenêtre

Les mots à utiliser étaient les suivants :

 LEZARDER DUR LIVRE S’IMPREGNER CORPS ELASTICITE ENSOLEILLE APAISER PLUME GUITARE BILBOQUET MANQUE MOINS MALLE
Vous pouviez en laisser un de côté, si vous le souhaitiez.

Voici ma participation juste en dessous.

MAUX

Plus je passe au milieu des gens et plus je me demande… Je les vois lézarder dans l’enceinte du supermarché et moi qui fais comme si de rien n’était, je me dis : « Sentent-ils ce que j’ai en moi ? ».
Parce que ce qui a de plus drôle dans le désespoir, c’est qu’il ne se voit pas… Pas comme la misère… La misère, elle est voyante, criarde… Tu la sais, tu la renifles… Le désespoir, le vrai, le point de non-retour, il est silencieux, muet.
Les jours commencent à se suivre sans jamais se ressembler… Les idées sombres s’enroulent autour de l’aiguille du rouet et jouent au bilboquet avec ta tête. Tu perds la boule et rien, non rien, n’est capable de t’apaiser…Ton esprit dépose son élasticité dans des rayons de moins en moins clairs.
La douleur s’imprègne au plus profond de tes os, jusqu’à devenir une partie intégrante de ton corps, la lumière ne te touche plus… Elle glisse sur les pores de ta peau, comme une huile ensoleillée mais ne pénètre pas.
L’odeur âcre des cendres n’existe plus.
Ton cœur est sec… Voler dans les plumes de quelqu’un ? Pourquoi faire…
Quand tu t’imagines t’enfermer dans une malle pour ne plus jamais en sortir ou te pendre avec une corde de guitare, ça ne t’arrache même plus un sourire…
Plus de rêve, plus d’envie, plus de manque… On ne mange plus, on ne dort plus…

Plus rien n’est dur, plus rien n’est doux… Et ce rien de plus en plus contamine tout !

Seulement ces mots sont là, Plus et Rien…Et de ces deux mots, il faut choisir le moindre.

©Emilie Berd le 15 février 2019

Prochain RDV des PLUMES D’ASPHODELE pour une nouvelle collecte le lundi 11 mars.

NOM D’UN TARABISCOT, VOICI LES TEXTES DES PLUMES D’ASPHODELE 2-2019

Bonjour à toutes et à tous

Voici les textes des participants aux deuxièmes PLUMES D’ASPHODELE de l’année 2019.

Dans l’ordre d’arrivée :

PatchCath  respecter les traditions
Adrienne  A comme Asphodèle
Ecri’Turbulente Le dessous des mots et des plumes
Ghislaine La criminologue
Soène  L’Etoile
Lydia La galette des rois
Carnetsparesseux Après, longtemps après la fin
Laurence Délis Le rouge de ses bottes de pluie
Nadége Entrer dans la lumière
Célestine Poulet rôti

Les mots à utiliser étaient les suivants :

 NUISETTE TRADITION TRENTE-SIXIEME FEVE NOIR TREFONDS ENVERS TARABISCOT BRETELLE MUSARDER ABONNEMENT ARCANE AFFOLER ARNAQUER
Vous pouviez en laisser un de côté, si vous le souhaitiez.

Voici ma participation juste en dessous.

Quand on aime…

Si ça continue, sa femme va croire qu’il le fait exprès ! « Profite donc de ton abonnement aux Urgences pour passer un scanner du crâne, tiens !». La blague !

Ça ne l’embête pas d’attendre. Y en a toujours un pour la ramener mais c’est par pure tradition, pour affoler les petites qui bossent, histoire de passer avant les autres ! Parce que s’il la pousse encore, la voix, c’est bien la preuve qu’il peut patienter. Comme les gamins qui ont la couronne sur la tête alors qu’ils n’ont pas la fève ! Y a un truc qui cloche, ça sent l’arnaque ! Pas besoin de connaître les arcanes du service, pour voir qu’ici les gens ne musardent pas ! Après, c’est sûr que pour lui, c’est plus facile. Il sait pour qui il est là !

Trente minutes que l’infirmière l’a mis dans le box.  À la trente-sixième, il ira jeter un coup d’œil dans le couloir. Rien à faire en plus ! Impossible de lire les infos collées au mur. On dirait qu’elles ont été mises à l’envers !

La revoir et lui dire :  Lucie, c’est moi, tu te rappelles ?.

Il l’a simplement croisé, quand il était venu la dernière fois. Tellement belle, après tant de temps…De ce qu’il croyait, elle avait quitté la région après…

Si j’avais pu te dire pourquoi, Lucie… J’étais trop jeune… Je ne savais pas ! Je t’ai aimée, tu sais ! Mais à dix-sept ans, quand on aime…

Des pas hésitent devant la porte coulissante. Il pense qu’elle réajuste sa blouse ou sa coiffure. Il se souvient de ses cheveux plein de pailles.

  • Qu’est-ce qui vous amène ?
  • Je me suis blessé avec mon tarabiscot.
  • Un tarabiscot ?
  • Une sorte de rabot…

Elle l’interroge et pianote sur le clavier de l’ordinateur, impassible. Il a beaucoup changé physiquement, c’est vrai. Mais son nom sur la liste aurait dû la faire tiquer.

  • Date du dernier rappel DTPolio
  • Il y a trois mois, j’ai dû tout refaire à ma dernière visite
  • Une attaque du tarabiscot ?
  • Une attaque du tarabiscot…

Elle sourit. Elle fait rouler le tabouret et s’assied juste en face de lui. Elle le regarde droit dans les yeux. Elle lui sourit encore. Elle a le cou long et fin des rats de l’opéra, et lorsqu’elle penche la tête sur le côté pour observer sa blessure, il aperçoit un bout de la bretelle noire de son soutien-gorge et il l’imagine dans ses bras. Il l’embrasse, la serre fort tout contre lui, la main glissant sous sa nuisette. Il lui murmure à l’oreille des mots d’excuses.
Pardonne-moi… Je n’ai jamais voulu te faire de mal…
Mais quand on aime à dix-huit ans…
Il sursaute. Il a l’impression d’avoir parlé. Elle, n’a pas bronché.

Il va falloir plusieurs points de suture. Je vais m’en occuper.

Il voudrait avaler sa salive, mais il se retient… Il est sûr que le bruit qui en ressortira trahira le tréfonds de ses pensées.

Combien ? dit-il la voix séche.

Elle ne répond pas. Elle sort un bref instant, revient avec le kit de suture. Elle le regarde en souriant et lui dit : « Quand on aime, on ne compte pas. »

Elle s’approcha l’aiguille à la main : « On se passera d’anesthésie, bien sûr... »

©Emilie Berd le 1erfévrier 2019

Prochain RDV des PLUMES D’ASPHODELE pour une nouvelle collecte le lundi 11 février.

LES PLUMES D’ASPHODELE Calendrier et rappel du règlement

CALENDRIER DES SEMAINES DES PLUMES

Totalement dépourvue de sens de la discipline (Vous allez voir, on va bien rire !), les dates ci-dessous ont avant tout pour but de me mettre la pression.

Je vous propose ces semaines de Plumes :

Collecte le lundi 14 janvier et dépôt de vos liens le vendredi 18 janvier
Collecte le lundi 28 janvier et dépôt de vos liens le vendredi 1erfévrier
Collecte le lundi 11 février et dépôt de vos liens le vendredi 15 février

Collecte le lundi 11 mars et dépôt de vos liens le vendredi 15 mars
Collecte le lundi 25 mars et dépôt de vos liens le vendredi 29 mars
Collecte le lundi 8 avril et dépôt de vos liens le vendredi 12 avril

Collecte le lundi 6 mai et dépôt de vos liens le vendredi 10 mai
Collecte le lundi 20 mai et dépôt de vos liens le vendredi 24 mai
Collecte le lundi 3 juin et dépôt de vos liens le vendredi 7 juin
Collecte le lundi 17 juin et dépôt de vos liens le vendredi 21 juin

Je précise ici, bien qu’il s’agisse d’une évidence, que ce calendrier serait nul et non avenu au moindre souhait d’Asphodèle.

RAPPEL DU REGLEMENT

Dans les grandes lignes…

Collecte des mots :
Vous déposerez un mot inspiré par le thème ou une phrase que je vous soumettrai dans un billet, le lundi de 6h00 à 20h00.
Le mot existe et, pour preuve, est référencé dans un dictionnaire connu, les sites internet ne faisant pas foi.
Le mot est commun, ce qui, de fait, exclut les noms propres.
Le mot peut être simple ou composé et peut, dans les textes, être accordé en genre et en nombre (donc, conjugué pour un verbe).

Lorsque vous laisserez le mot, merci de l’écrire en MAJUSCULES, afin de lever tout doute.

Je déposerai trois mots commençant par la même lettre.

Le thème soumis n’est utile qu’à la collecte des mots, et ne constitue pas une contrainte d’écriture.

Participation :
Selon les mots d’Asphodèle, « N’ont le droit de laisser un mot que ceux qui s’engagent à participer au moins une fois à l’atelier et ceux qui ont déjà participé ».

Rédaction des textes et dépôt des liens
Je vous remercie de déposer vos liens avant le vendredi 20h00.
Vous pourrez les laisser en commentaires de la publication récapitulative de la collecte du lundi.
Les personnes souhaitant participer et n’ayant pas de blog peuvent m’envoyer leur texte par email et je m’occuperai de leur publication.

Vous retrouverez le règlement complet chez Asphodèle.

À très vite

 

Je reprends LES PLUMES D’ASPHODELE… Vous me suivez ?

 

Parce que cet atelier m’a remis la plume dans l’encrier
(Ne cherchez pas, ce n’est pas une contrepèterie…)

et avec l’accord de La Grande Prêtresse,

 je vous propose de reprendre temporairement Les Plumes d’Asphodèle…

 

Même nom

Même règlement (dont je vous ferai très vite un rappel mais que vous pouvez retrouver ici )

Rythme à voir selon votre enthousiasme mais possiblement bimensuel. Hors vacances scolaires évidemment à moins que je trouve un moyen de perdre les Mambos…

Première collecte de mots lundi 14 janvier de 6h00 à 20h00 selon un thème ou une phrase que je vous aurai donné.

Ça vous dit ?

 

Emilie

Source GIF: giphy.com

Photo : pinterest.fr

Les Plumes d’Asphodèle n°46

imageLes mots imposés étaient les suivants :

belle, gardien, lapin, destin, envolée, fermer, souffle, partage, quitter, s’abstraire, voyage, cavale, réchapper, chose, respirer, poète, nid, rêve, vie, doux, fugue, oiseau, imaginer, balles, poudre,  bercé.

Un oiseau chante, ce matin. N’avaient-ils pas annoncé de belles gelées, pourtant ? Il n’y a plus de saison !
Le sommeil a été mouvementé.
Je ne sais pas pourquoi, j’ai fait des rêves curieux…Ce type en seconde à qui j’avais posé un lapin ! Il était plutôt marrant, doux…C’était plutôt platonique mais ma mère ne voulait pas que je sorte… alors, il a poireauté un moment !
Ma première fugue…De fugue, elle n’avait que le sens que celui que mon père lui donna. J’avais juste tardé à la fin des cours pour m’en griller une ou deux…
Et mon premier amour en Terminale A…Un vrai poète ! En plus, il avait une guitare, une gratte à deux balles ! Savait-il vraiment plaquer plus de quatre accords ? J’en doute encore ! Ses maigres talents lui attribuaient pas mal de succès, et la notion de partage qui est somme toute subjective, ne me convenait, dans ce cas, pas du tout !
La fac, je crois que ça a été le pire ! Mais le pire est toujours à venir…Les amphis aux bancs poussiéreux donnaient plus des envies de cavales que de destins académiques !
Puis mon bébé…Sait-on ce qu’est l’amour avant de prendre son enfant dans les bras ? Sait-on ce qu’est la souffrance avant d’acquérir la certitude que, quoiqu’il arrive, on nous séparera ? Le reste n’est que poudre aux yeux finalement. Bercé d’illusions, on en oublie l’essentiel, le cri primal, les bruits sourds de notre chair…
Cette nuit, un ange-gardien serait donc venu me prendre par la main pour m’emmener en voyage à travers mon passé…C’est quoi, cette odeur désagréable ?

Quelle plaie, cet oiseau ! Il m’empêche de respirer ! Ces envolées lyriques me collent une chape sur la poitrine ! Le nid doit être dans la grange. Difficile d’imaginer qu’il chante à tue-tête dehors, avec un froid pareil ! Chanter à tue-tête…Haut et grave parce que l’on a si froid que c’est la seule façon de se réchauffer…Fort et lourd lorsque l’on a si peur que c’est l’unique façon d’en réchapper…
J’ai l’impression qu’il s’approche.

Je suis si fatiguée…J’ai bien compris qu’il s’égosillait pour me réveiller. Je n’arrive pas à ouvrir les yeux. J’aimerai tant dormir encore un peu…un tout petit peu…Il va bientôt manquer de souffle. Il va enfin s’arrêter, si je garde les yeux fermés, bien fermés… Faudrait que je trouve le courage de me lever. Aller boire un verre d’eau. J’ai envie de vomir. Ces relents d’after-shave m’ont filé une migraine ! J’ai du plomb dans la tête.
Pourquoi l’oiseau chante t-il plus fort ? Il faut que j’ouvre les yeux ! Pourquoi cet appareil bipe t-il si fort ? Il faut que j’ouvre les yeux ! A qui sont ces pas sur le sol, ces manches qui me frôlent, ces mains qui me touchent ? A qui sont ces lèvres agitées par cette logorrhée incompréhensible ? Tout ce sang serait le mien…Faudrait que j’arrive à bouger ! Et ce poids sur mes poumons…Peut-être juste un cauchemar, c’est la pleine Lune…Peut-être juste une méprise…Ai-je encore de l’espoir ? Suis-je là depuis longtemps ? Où sont les enfants ? Je n’ai même pas fait de testament ! Je suis si fatiguée…

Je n’avais jamais remarqué comme parfois l’idée de notre propre mort dérange moins…Un flottement qui ressemble à la résignation, un air de sérénité, un murmure d’éternité…Rien à confesser, rien à absoudre, juste le besoin de s’abstraire, de quitter les horreurs. L’impuissance acceptée, la paresse enfin admise…De toute ma vie, au moins, aurai-je terminé quelque chose…

©Emilie BERD 20/11/15

563 mots

Les Plumes d’Asphodèle n°45

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Voici ma participation aux 45èmes Plumes d’Asphodèle.

Les mots imposés étaient les suivants : Frissonner, vide, humeur, plume, embellir, enfin, sommeil, drogué, impasse, poésie, torture, plénitude, trop-plein, youpi, énergie, absence, temps, dénuement, bol, idée, déchirement, bus, besoin, rationner, abandonné.

Nous pouvions en laisser deux de côté. Je n’ai pas utilisé Youpi et Poésie.


 

J’imagine que ce doit être la même sensation lorsqu’à deux heures du matin, la tête engourdie de sommeil, on découvre un ami qui frissonne sur le pas de la porte…Hagard, il se tient là, des perles d’eau mêlées à quelques traces rouges sur le front. Pas besoin qu’il tienne une pelle, on sait très bien de quoi il est question. Pas besoin de discuter une demi-heure, de demander des nouvelles, on devine l’impasse…Le truc que l’on fait et que l’on regrettera pendant des siècles et des siècles. « Amène la bagnole, on y va ! ». Et on sait déjà que c’est une connerie.

Sauf que là, ce n’était pas un cadavre mais une vie que j’enterrais. Ce n’était pas un crime…Enfin, pas au début…Mes idéaux de jeunesse ? Mes rêves de petite fille ? Sans rire ! Ne me branchez pas sur mon enfant intérieur, Il n’a jamais vraiment été d’humeur !
Les copines, la famille…Comme si personne ne voyait ! Tout le monde s’en foutait ! Une vie lâchée aux chiens, une vie gâchée…De toute façon, mon surnom à moi, c’était « Pas de bol »…Et pourquoi la vie d’une autre plutôt que la mienne, après tout!

Ce qui au départ semblait être une bonne idée est donc subitement devenue vide de sens! On pense connaître les gens et puis, comme on a raison, le train-train s’installe.
Pour combler les absences, je pillais le frigo. Je vomissais le trop-plein. Cela me donnait une illusion de contrôle… de plénitude justement ! C’était mon secret, ma victoire sur cette routine de merde que je lui rendais ! Et quand il était là, on se volait dans les plumes… Ça nous divertissait, faut croire!

Au bout d’un moment, la lassitude s’est métamorphosée en torture.
Partir ? Pour aller où ? Vous avez lu mon CV ? Je préférais être abandonnée que choisir le dénuement. Affaire de courage ? Je ne sais pas trop… J’attendais, comme on attend un bus. « ça fait déjà 15 minutes que je suis là, si je me barre, il se pointe, c’est sûr ! ». Vous voyez le topo ?
Et il y avait les gosses. Chaque jour, leur énergie me renvoyait mon inertie au visage.

Le problème de la solitude, ce n’est pas tant l’ennui que le temps qu’elle donne pour réfléchir. J’ai pensé à finir toutes mes boites de comprimés, mais je ne voulais pas me rater. « Pas de bol », je vous ai dit ! J’étais droguée aux somnifères, ça aurait considérablement réduit l’efficacité ! Evidemment, rétrospectivement, c’est facile de juger, de mettre des termes barbares sur des situations qu’on ne comprend pas ! C’est facile d’être un autre, de lyncher plus petit que soi ! Ça rassure ! Ça donne de la grandeur !
Je ne me repends pas mais je ne mens pas! Ce n’est pas un déchirement pour moi !
Vous savez, on peut toujours essayer mais il y a des choses que l’on ne peut pas rationner…Je ne parle pas de bonheur, je ne parle pas d’amour…Cela embellit forcément le quotidien, mais la chaleur… la vraie chaleur ! Celle qui bout à l’intérieur, qui claque comme des billes, dont le manque file des crampes à en hurler, à en tuer !

Je l’ai trouvé si beau, alors. Il gisait sur le sol. Un filet de sang débordait de la commissure de ses lèvres tandis qu’un autre, plus épais, décorait sa tempe droite.

Quand je lui ai dit que je voulais partir, les coups ont commencé à tomber. N’allez pas croire n’importe quoi, j’en distribuais aussi. J’ai tourné la tête pour me protéger et j’ai aperçu le petit dans l’encadrement de la porte. C’était drôle ! C’était la première fois qu’il venait dans un moment pareil.

Après, je ne me souviens plus de ce qui s’est passé. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce n’était pas prémédité.

657 mots

©Emilie BERD 23 octobre 2015

Les Plumes n°41 d’Asphodèle

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Les mots imposés étaient Question, inattendu, merci, gâteau, méditer, souplesse, culot, surprise, hasard, décision, inspiration, trouver, hypocrite, goéland, bataille, réflexion, objectif, tourbillonner, turban, tison.

Je n’ai pas utilisé Goéland…ou presque…

SORTIE

Déjà sortir de sa propre tête où les réflexions se perdaient, dansaient et fusionnaient.
Elle aurait bien laissé toutes les batailles au hasard, petites ou grandes, mesquines et nobles.
Elle avait compris, que, à force de suivre des objectifs, la vie n’était pas vécue.
Elle se l’était juré : désormais, elle n’aurait que l’inattendu comme but. Chaque jour deviendrait une surprise, un gâteau à dévorer les yeux fermés.

Elle essaya de se redresser un peu. Elle voulait trouver une position confortable. Elle prit une grande inspiration et se hissa sur ses deux bras. Elle réussit à se caler sur l’oreiller. Il avait beaucoup servi et n’était plus d’une grande souplesse.

De là, elle pouvait observer l’extérieur. L’unique mais grande fenêtre donnait sur le parking. Il y avait quelques arbres dont les feuilles tombaient en tourbillonnant, comme dans une chanson de son enfance.
Sur ce parking, les places étaient rares. Il faisait jour depuis peu mais les véhicules s’y pressaient. Sous le regard d’autres, hypocrites, certains conducteurs avaient le culot d’emprunter des emplacements improbables. Elle, elle n’aurait jamais osé…Elle avait l’habitude de peser le pour et le contre une bonne cinquantaine de fois avant de prendre une décision…et pour regretter juste après !

A force de méditer, le temps passait…
Une douche ! Bonne idée, une douche !
Elle tenta de se lever… Elle était essoufflée. Assise sur le bord du lit, elle voulut reprendre sa respiration… ça ne passerait donc jamais… Ces lits étaient vraiment trop hauts. Mais il fallait bien oublier son égo et lentement, elle se dirigea vers la salle de bain.
Elle se doucha, puis enveloppa sa longue chevelure dans une serviette.

Pendant qu’elle s’habillait, deux personnes entrèrent pour changer les draps de son lit. Ah non…Seulement pour refaire le lit…Elle était donc là encore pour 24 heures…au moins…
Guettant derrière la porte leurs moindres mouvements, elle attendit leur départ pour sortir de cette salle de bain exiguë. « Et c’est une chambre double !», s’exclama t-elle.
Sa voisine de lit avait eu la chance de partir la veille et elle…Elle était bien allée voir l’interne, au bord des larmes pour négocier une sortie en échange d’une consultation en ville, mais il lui avait presque ri au nez !
Elle sentait bien que quelque chose ne collait pas. A chaque mouvement, elle s’épuisait, s’échauffait…Son coeur lui brûlait comme des milliers de tisons. Pourtant, elle voulait partir de cet endroit aseptisé et désertique.
Elle ôta son turban et se recoucha, les cheveux humides, dans le lit refait.

« – Bonjour (du ton de celui qui détient la clef de la prison) Alors, il paraît que la nuit a été mouvementée?
J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir, avec ce coeur qui bat la chamade… »
Vous m’avez posé une question, hier soir ?
Je…Je peux sortir ?
On vous donne une permission pour la journée, vous devez être rentrée à 20h00, heure limite et rester raisonnable. Vous ne rentrez pas chez vous pour faire le ménage, compris? Vous avez quelqu’un qui peut venir vous chercher et vous ramener ?
Oui, oui (Telle Cendrillon voulant s’échapper au bal) aucun problème ! Merci, Docteur ! »
© Emilie BERD 25/02/15