Même pas en rêve !

J’ai vécu une expérience traumatisante cette nuit : j’ai rêvé que j’étais au collège…

À vrai dire, si on me laissait le choix, ce n’est pas cette période que je revivrais, mais voilà les machines à rêves ont des limites. Quant aux machines à remonter le temps, d’aucuns en sont revenus !

Ce songe étrange, je le dois, je pense, à un excès de mois d’août… Mois que je déteste par dessus tout, si l’on ne compte pas celui de janvier! Février non plus, je ne l’aime pas trop! Toutefois, les raisons de cette aversion diffèrent… Le mois d’août, et je ne l’ai jamais caché (Carnets si tu me lis…) ressemble à une succession de dimanches. Et, le dimanche, dans ma tête, c’est pire qu’un mois d’août !

J’entends déjà certains me dire : »Oui, mais tu comprends… Si on les ôte, l’année ne serait plus qu’à neuf et puis ce serait compliqué pour les natifs desdits mois ! » Une fois posé, il est évident que le problème n’existe que pour un seul (une heure que je le dis), au cours duquel (loin de moi l’envie de dénoncer) ils ont quand même réussi à coller un jour férié en plein milieu !!!

Le réveil a été brutal ! Toute ma vie est passée devant mes paupières scellées par la crainte de s’ouvrir… Là, une arborescence lumineuse m’est apparue !

Une évidence heureuse ! Se sont dessinés tous ces jours qui ont fléchi ma trajectoire jusqu’ en ce 15 août 2019 ! Je ne parle pas de ces choix sombres que l’on fait sans vraiment faire qui coûteront en regrets et en honoraires chez le psy… Non, non… Ce jour où tu as pris une décision cruciale, dont, à l’époque, tu ignorais totalement son importance quasi-monumentale à l’échelle d’une simple vie!

Ce jour-là, par exemple, où en attendant mon mec devant le ciné, je l’ai vu arriver avec ses propres pop-corns et que je l’ai quitté sans demander mon reste, jamais je le regretterai.

Source gifs : giphy.com

LES PLUMES D’ASPHODELE Calendrier septembre- octobre- novembre- décembre 2019

Comme vous avez pu remarquer au cours de ce premier semestre 2019, l’ordre et la discipline ne sont pas ce qui me caractérise le plus.

Que cela ne tienne ! Je remets ça, et ce dès septembre. (Oui, parce que certains rêveurs n’auront probablement pas remarqué que dans une quinzaine… Août, ben couic quoi…On me dit que certains sont encore en vacances alors chuuuut…)

Donc, si vous n’êtes pas gavés par :

-mes billets qui partent tout seuls et en avance,
-les liens qui fonctionnent lorsqu’ils le veulent,
-ma datation retardée de deux ans,
– les commentaires de l’ancienne session qui s’incrustent dans la nouvelle,
je vous propose ces semaines de Plumes :

Collecte le lundi 2 septembre et dépôt de vos liens le vendredi 6 septembre
Collecte le lundi 16 septembre et dépôt de vos liens le vendredi 20 septembre
Collecte le lundi 30 septembre et dépôt de vos liens le vendredi 4 octobre
Collecte le lundi 14 octobre et dépôt de vos liens le vendredi 18 octobre 

Collecte le lundi 4 novembre et dépôt de vos liens le vendredi 8 novembre
Collecte le lundi 18 novembre et dépôt de vos liens le vendredi 22 novembre
Collecte le lundi 2 décembre et dépôt de vos liens le vendredi 6 décembre
Collecte le lundi 16 décembre et dépôt de vos liens le vendredi 20 décembre

À très vite

 

DELIVRANCES de Toni Morrison

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Non, non, non ! Je ne vais pas, là, entamer une longue série de chroniques de livres. La crainte de trahir mes lectures est plus vive que l’envie de les partager… Ecrire sur un livre que je n’ai pas aimé, alors que je suis incapable de construire une histoire de plus de deux pages est, à mes yeux, commettre un délit de jalousie. Ecrire sur un livre que j’ai aimé comporte un risque d’approximation, d’infidélité qui (pour moi et rien que pour moi) me semble insupportable. En bref, je trouve l’exercice périlleux, dans un sens comme dans l’autre.

Et voilà que le vieux bonhomme barbu a laissé sous mon sapin une multitude de bouquins. Le roman Délivrances de Toni Morrison en était… Comme il a bien fallu que j’en lise quelques-uns, c’est un peu par hasard que j’ai ouvert ce livre…Et une secousse a retourné mon métabolisme dès les premières phrases.

Je ne connaissais pas cette auteure et je me serais auto-flagellée de ne l’avoir lue plus tôt si le temps n’était pas de mon côté (Enfin, je pars de ce principe, il rend tout de même la vie moins triste). Si l’on ajoute à cela que je ne sais que depuis trois jours, alors que j’avais refermé le livre (en sirotant ma tisane à la verveine devant Le Petit Journal de Yann Bartès) qu’elle est Prix Nobel de Littérature (En 1993 ! Ne me jetez pas la pierre, j’ai découvert Katy Perry il y a quelques mois !), vous comprenez ma confusion!

Au bout de la deuxième page, j’ai été complètement saisie par le style de Toni Morrison, une écriture élégante mais sans concession, et dont les phrases même dures sont de véritables poèmes.

Autant le dire, sa plume m’a fait l’effet d’un coup…pas l’effet d’un coup de cœur, ni d’un coup de foudre…celui d’un coup de poignard !

Plutôt que de vider la chambre de Mambo 3 pour la réserver au culte inconditionnel de l’auteure, je me suis dit qu’il valait mieux partager mes émotions, parce que d’abord la chambre en question est trop petite et ensuite que le traumatisme de mes Mambos enrichirait (au mieux) des générations de psy en tout genre !

Et des traumatismes, c’est bien de cela dont parle l’auteure. De ceux qui causent des blessures dont la cicatrisation lorsqu’elle est possible est douloureuse, de ceux sur lesquels se construit une identité bancale, qui tracent des chemins tordus et torturés. Des abus et des mensonges passés qui habitent les personnages du roman, et dans lesquels Toni Morrison nous emmène et nous accompagne jusqu’à la sortie du labyrinthe. Parce que dans ces dédales sombres voire sordides, pavés d’outrages physiques et moraux, il y a une sortie, une délivrance.

Lula Ann est une petite fille noire, d’un noir bleu et profond, d’un noir puissant sans équivoque qui met sa mère, métisse, dans une position inconfortable…Le père se barre, croyant à un adultère et la mère cache son dégoût derrière des nécessités sociales et les réalités racistes. S’en suit une mise à distance délétère.
Et pourtant, Lula Ann va réussir sa vie. Elle fera carrière dans le cosmétique et mènera la grande vie…Le passé qu’elle provoque, parce qu’elle n’a pu l’effacer malgré tous ses efforts, va la contraindre à replonger dans les profondeurs de son enfance…pour mieux s’en dégager.

Dans ce roman, il n’y a pas d’introspection grandiloquente ni de lenteur inutile mais des sursauts intérieurs qui de rebonds en rencontres, sous la plume magistrale de Toni Morrison, libèrent des chaines ancestrales.

J’ai, après de houleuses discussions internes, choisi de ne mettre aucun extrait…Ainsi, si comme moi, vous vivez à l’abri dans une caverne et n’avez jamais lu un livre de Toni Morrison, alors le choc sera intact.
©Emilie BERD 5 février 2016