La Loi de Murphy, ce n’est pas une fille facile… Elle n’est pas du genre à se coucher tout de suite pour que tu comprennes à qui tu as affaire…
Tu ouvres les yeux… Jusque là, tout va bien ! Tu t’es peut-être réveillée un peu trop tôt parce que l’aube est saisissante, traversant, violemment certes, les rideaux de ta chambre, et parce que tout un monde extérieur célèbre le lever du jour en fanfare ! Alors forcément, ça vient te piquer un peu derrière les paupières… Si on t’avait donné le choix, tu aurais bien dormi une petite heure de plus, mais ce n’est pas grave… Tu te dis que tu ne vas pas faire ta chieuse de bon matin, surtout un comme celui-là… Vu l’ambiance Walt Disney, tu pourrais même imaginer Blanche-Neige dans ta cuisine en train de faire Ton ménage en fredonnant « Siffler en travaillant » !
Tu te lèves, tu prends ton café, tu te mets sous un rayon de soleil… Tes nains à toi finissent leur petit déjeuner…
Mais tu ne te doutes pas, à ce moment-là, que la Loi de Murphy plane sur toi, en un vol circulaire à effrayer les corbeaux !
C’est chouette ! Il fait beau ! Tu vas pouvoir enfiler un short, enfin !!! Puis, rapidement, tu te souviens que, comme ça fait dix jours que le temps est pourri, tu as laissé la cire dépilatoire prendre la poussière sur l’armoire de la salle de bains !
Alors, ce n’est pas grave ! Tu remets ça au prochain jour de beau temps et tu enfiles un jean!
La matinée défile. Faut que tu ailles faire un tour à la pharmacie pour acheter un vaccin à Mambo 3…
Et c’est ce truc-là qui va faire basculer toute ta première partie de journée, cette petite course insignifiante qui, si tu ne fais pas gaffe, risque de te transformer en Maléfique (Celle qui, pour le coup, fallait inviter).
Sur le trajet (en voiture), tu tombes sur une conductrice en M*n* qui, je ne sais pas pourquoi n’arrête pas d’appuyer sur son klaxon. En fait, c’est plutôt elle qui est tombée sur toi, vu qu’elle te collait assez pour que tu distingues son blond platine et son brushing tout frais (D’ailleurs, Chérie, si tu te reconnais, une voiture pareille avec une coiffure pareille, ça fait vraiment vulgaire. Si tu veux vraiment te la péter, par pitié sors une Ferrari!)
Effectivement, cette gentille dame t’a bien énervée. D’autant plus que lorsque tu t’arrêtes pour lui demander (poliment, bien sûr) ce qu’elle avait… Pfiouf… Elle a pris la poudre d’escampette, la Fée Clochette !
Ce n’est pas grave. Tu laisses même passer devant toi un conducteur aimable (conducteur d’une caisse bonne pour la casse, comme quoi les clichés…) pour mettre de la distance entre elle et toi, et ainsi étouffer cette pulsion, qu’au final seuls quelques noms d’oiseaux tairont tout à fait !
Tu arrives à la pharmacie. Tu dis bonjour. Et tu tends naïvement au préparateur ta carte vitale, ta carte mutuelle et l’ordonnance datant de six mois d’un vaccin rien de plus banal pour une gamine de six ans… Naïvement et presque sûre de toi, parce que l’ordonnance est bien rédigée, que tu t’y prends pour une fois en avance et que tu t’es rendue exprès dans la plus grande pharmacie de la petite ville… Et là, coup bas, le vaccin n’existe plus… Pire, il n’y aurait pas de produit de remplacement. Il faut absolument joindre le médecin prescripteur pour obtenir son avis… Tu ne te fais aucune illusion… Tu sais bien, au fond de toi, qu’il est plus facile d’avoir les services de la CAF au téléphone un mercredi après-midi que de parler directement à un toubib à 11h00.
Même si tu es perdue, ce n’est pas grave… Tu es désoeuvrée, en vrai car autant dans une parfumerie, si la vendeuse revient de l’arrière-boutique en t’annonçant que la production de ton parfum préféré est arrêtée, tu maitrises… Tu es déçue, mais tu te sentiras totalement à la hauteur pour dire quelque chose comme : « C’est pas grave, je vais en tenter un autre… » Le truc un peu fou, mais t’assumes… Là, dans une pharmacie… Pour un antalgique, pourquoi pas ! Si demain, on arrêtait la production des anti-inflammatoires, tu oserais peut-être demander du paracétamol ou de l’aspirine à la place ! Pour un vaccin… Alors, tu adoptes la technique du «Tu bouges pas, elle te pique pas ». Tu attends sans bouger, en espérant que tout va bien se passer.
Et pendant que tu commences à rédiger mentalement une dissertation (en deux parties et deux sous-parties) sur le sujet suivant : « Comment le gouvernement peut-il avoir l’affront de vouloir rendre obligatoire onze vaccins, alors que les produits exigés par le calendrier vaccinal actuel sont introuvables en pharmacie ? », le préparateur te sort d’affaire…
Tu rentres à la maison. Tu jettes un coup d’œil à ton téléphone… Appel manqué de la pharmacie. Partie sans ta carte vitale, ton sauveur laisse sur ta boîte vocale un message t’informant qu’il a oublié de te la rendre… Ce n’est pas grave…Tu te dis qu’il vaut mieux y aller tout de suite, tu en profiteras pour aller à la boulangerie parce que, en bonne mère au foyer que tu es, tu as complètement zappé de faire le déjeuner pour les enfants…
Tu vas récupérer ta carte vitale, en scrutant les autres véhicules (si par hasard, tu ne croiserais pas ta nouvelle copine), et tu t’arrêtes à la boulangerie.
Elle est vide. Aucune file d’attente. Tu as à peine passé la porte que la boulangère te demande ce qu’il te faut. Le rêve…Sauf que la machine à rendre la monnaie ne fonctionne pas, que tu n’as pas l’appoint, et que tu sais très bien où est ta carte bleue (justement pas dans ton sac à main!). La vendeuse essaie plusieurs fois de relancer la machine… Une autre cliente commence à s’impatienter derrière toi…Alors, « Ce n’est pas grave, dis-tu, je vais repartir sans… Je suis désolée. » Tu retournes à ta voiture, qui décide aussi d’éprouver tes nerfs, de faire la capricieuse… Tu lèves le nez et vois la boulangère qui secoue ses bras en grand pour que tu la remarques : la machine fonctionne. Tu vas donc récupérer ta commande en la payant cette fois…
Rien de fluide, rien d’évident…Le commencement-type qui te donne qu’une envie c’est de te cacher sous la couette jusqu’à l’heure du coucher. Et malheureusement tu n’as le temps de te cacher sous cette couette… Comme tout le monde, en fait…Mais ce n’est pas grave, parce que, vous savez quoi ? Il fait un soleil magnifique aujourd’hui !
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