RENTREE

La rentrée, ça a comme quelque chose d’évident…Un grand mur que l’on se prend en pleine gueule! Un peu comme lorsqu’on monte sur la balance et que le poids a dangereusement basculé du côté que l’on aurait souhaité bien plus obscure, assez obscure en tout cas pour permettre un déni total!

Pourtant, on devait s’y attendre, hein?! Moi, par exemple, j’ai abandonné le deux-pièces à la fin du mois de juillet…Et j’ai déserté les plages début août…
Surtout que ce soit clair! Rien à voir avec les superbes articles  « Quel maillot de bain sur la plage cet été? »  dont on nous a bassiné en plein mois d’août…J’ai rien compris…Ces choses, ça se décide plus tôt dans la saison, non? Les soldes, tout ça, peut-être…Mais va faire les magasins pour trouver un bikini potable…C’est trop tard! Fini! Au mois d’août, y a plus de soleil dans les rayons! C’est copies double petits carreaux ou grands carreaux, trieurs, cartables et porte-vues…A en perdre ton bronzage d’un coup, et à foutre ton moral dans un gris tellement pourri que même le rosé du soir n’arrive plus à le rafraichir ! Déjà que les cacahouètes, gressins et autres glaces m’avaient rappelé que pendant les vacances il n’y avait pas que les matinées qui étaient grasses…J’ai fermé les yeux le plus longtemps possible…Et la veille de mon départ, il m’a bien fallu les ouvrir…

En effet, pour le retour en avion, j’avais réservé (une fois lavé) au fond de ma valise  le pantalon que je portais pour l’aller. C’est peut-être de la superstition de porter les mêmes habits à l’aller et au retour, mais que voulez-vous? Je m’accroche à peu de choses, une fois en l’air!

C’est sûr qu’au moment d’enfiler THE pantalon (celui qui m’a résisté), j’étais un peu…comment dire…Etonnée? Un peu…Serrée? Beaucoup…Triste? Pas du tout! Que pouvais-je y faire ? Pour une fois, j’ai fait contre mauvaise fortune bon coeur, comme on dit. Je me suis dit qu’ en cas de crash, je tomberai plus vite!

C’est vrai que c’est violent, la rentrée! Le pire, c’est son côté scolaire! Après tout, faut bien retourner au boulot pour repartir en vacances (enfin, j’dis ça, j’bosse pas !) Mais, les gamins,  chaque année, ils changent de niveau. Et là, on reçoit une méga claque! Comme si les gifles de mon anniversaire, de leur anniversaire aussi…ou encore du Jour de l’An ne suffisaient pas! Et franchement, je ne trouve pas ça juste parce que plus tu vieillis, plus tu t’en prends, des baffes! On n’élève pas les enfants, ce sont  eux qui nous élèvent, il paraît…Et j’vois bien où il va me mener, cet ascenseur !

Pourtant, j’aurais dû m’y attendre…Moi, par exemple, j’ai Mambo One qui rentre en sixième en septembre…Enfin, demain, quoi! Et le transport scolaire m’angoisse! Pendant mes insomnies, j’imagine la chair de ma chair, perdue, sans défense, seule, aux abois dans cette sombre forêt de cars, inquiétants et malins, qui s’amusent à semer la confusion dans la numérotation de leurs travées…Je vois le sang de mon sang, aveuglé par les fumées de gasoil brûlé, aux prises avec un J.R. pré-pubère qui lui expliquera, une clope au bec, la complexité du monde (parce que c’est connu, les parents, ils y connaissent rien).

En effet, dans mon monde, c’est plus facile…Dans le premier cas, une fée douce aux ailes carmin menacera de tailler les cars en pièces s’ils ne se remettent pas en place. Et dans le second,  je ferais bouffer son chapeau et sa clope à J.R.

C’est sûr que, au moment où j’écris, j’me sens comme THE pantalon…Oublié au fond de la valise, j’en mène pas large! Mais bon, c’est comme l’avion, la rentrée, c’est un mauvais moment à passer…

©Emilie BERD 31/08/2016